Après une année de repli, les dons d’organes repartent en légère hausse
Après une activité en baisse pour la première fois en 2018, l’activité de greffes et de prélèvements d’organes repart à la hausse en 2019, avec une centaine de greffes supplémentaires en un an. Mais les dons ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des besoins, malgré la générosité de certains. Nous avons rencontré Florence Bouté. Elle a choisi de donner les organes de sa fille Alice, morte à l’âge de 16 ans après un accident de cheval.
C’est une année à deux vitesses. "Sur les 6 premiers mois de 2019, nous avons enregistré augmentation de 8% du prélèvement, ce qui laissait augurer une année extrêmement favorable ; mais cette progression ne s’est pas confirmée dans la suite de l’année", détaille à BFMTV le professeur Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe à l’Agence de biomédecine. L’institution publie ce mardi le bilan pour 2019.
92 greffes de plus qu’en 2018
Globalement, sur l’ensemble de l’année, les greffes d’organes progressent de 1,6 %, malgré une baisse du nombre de dons du vivant (525 greffes, -6%) et de donneurs en état de mort encéphalique. Cette progression, certes modérée, vient marquer un tournant par rapport à 2018:
"2018 était une année où l’on avait connu une baisse, la première depuis 8 ans, donc nous regardions avec attention l’activité de 2019", note le professeur Bastien. Toujours tous organes confondus, au moins 5 897 greffes ont été recensées l’an dernier, soit 92 greffes de plus qu’en 2018.
Pour autant, cette activité à la hausse est loin de couvrir tous les besoins: "La liste active pour l’insuffisance rénale par exemple, c’est 8500 patients. Comme toutes les années, l’organe dont on a le plus besoin est le rein puisque l’on fait plus de 3500 greffes par an, ensuite le foie, le cœur et les poumons", précise le spécialiste de l’Agence de biomédecine.
"Besoin d’être ancrés dans la vie"
C’est parce qu’il y a "cinq fois moins de donneurs que de receveurs" que Florence Bouté a décidé à l’automne 2018 de donner les organes de sa fille Alice, morte à l’âge de 16 ans après avoir reçu un coup de sabot de cheval dans la tempe. Elle raconte le cheminement de cet acte altruiste dans son livre poignant Le don d’Alice (éditions City), coécrit avec le journaliste Frédéric Veille.
Avec son mari, ils ont pris la décision du don quelques heures seulement après l’admission d’Alice dans un coma profond en réanimation, avant même le décès de l’adolescente: "On a une espèce d'éclair, on se dit: si jamais on nous annonce qu'Alice est décédée, que le cerveau à lâché, qu'elle est en état de mort encéphalique, on se dit: on donnera au moins son coeur. A ce moment là, on a besoin d'être ancrés dans la vie, de ne pas imaginer la mort, et pour ne pas imaginer sa mort on imagine la vie des autres en fait, on se dit que si Alice décède, son cœur va continuer à battre quoiqu'il arrive", raconte la mère de famille à BFMTV.
"Pas une souffrance surajoutée"
Cinq jours plus tard, Alice est en état de mort cérébrale. "Nous avions souhaité savoir quels organes avaient été prélevés, et on nous a annoncé que c'était inouï, puisqu'Alice était compatible avec six receveurs. Donc aujourd’hui je sais que six vies vont mieux. Je me dis souvent que si dans le lot, il y a un seul enfant, et bien c'est merveilleux puisqu'il y aura une maman qui ne connaîtra pas le chagrin que je connais", poursuit Florence Bouté.
"Les témoignages de dons sont importants car ils montrent que ce n’est pas une souffrance surajoutée. C’est certes une période extrêmement difficile pour une famille, pour une maman, mais c’est aussi un moment pour donner un sens. C’est aussi le respect de la volonté d’une personne, qui était jeune certes, mais qui a mûri sa décision et qui l’a fait connaître", assure Olivier Bastien, de l’agence de Biomédecine.
En effet, Alice avait témoigné de son avis sur le don d’organes lors d’un repas de famille après avoir vu un reportage télévisé, quelques mois avant son accident. Elle avait expliqué à sa petite soeur Camille, pourquoi elle y était favorable.